• Malad'IFS : le choléra en 1873

    AccueilExtrait de Rapport sur l'épidémie cholérique de 1873 dans le Calvados par Édouard Denis-Dumont :
    IFS - 693 habitants.
         « A peine l'épidémie avait-elle disparu de Bretteville-sur-Laize, que déjà nous observions des cas à 5 kilomètres de Caen, dans la commune d'Ifs.
         Le village, placé au milieu de la plaine, exposé à tous les vents, à l'abri de toute influence paludéenne, se trouve, au point de vue topographique, dans des conditions excellentes. Malheureusement, comme dans beaucoup d'autres villages de la contrée, il semble, à l'état des rues, des cours, des maisons elles-mêmes, que ses habitants ont pris à tâche de neutraliser ces heureuses influences : la malpropreté de certaines cours, de certaines habitations, dépasse toute description.
         L'histoire de l'épidémie dans cette commune n'est pas sans intérêt, et nous ne saurions guère que répéter ici, Monsieur le Préfet, ce que nous avions l'honneur de vous écrire à la date du 2 septembre.                                                                                                                 Mardi soir, 2 septembre 1873.


                            « MONSIEUR LE PRÉFET,

         L'état sanitaire de la commune d'Ifs est assez grave et appelle toute votre sollicitude.
    Conformément à l'invitation que vous m'avez adressée, je me suis rendu aujourd'hui dans cette commune où, depuis le 22 août, dix cas de choléra se sont présentés.
    Sur ce nombre, quatre malades ont déjà succombé ; un cinquième est probablement mort au moment où j'ai l'honneur de vous écrire. - Des cinq autres, deux sont hors de danger ; trois sont encore dans un état alarmant. - J'ai visité, en outre, trois nouveaux malades.
    Ces divers cas sont concentrés sur une partie du village très-restreinte ; elle est de moins de 100 mètres de rayon.

         La marche suivie par le mal est caractéristique. - La maladie a été importée dans le village par un ouvrier qui travaillait à Allemagne, où l'on a observé quelques cholérines. Cet homme, revenu à Ifs avec la cholérine vers le 19 ou le 20 août, a été pris d'accidents très-graves dans la journée du 22 et est mort dans la période algide, le 23. - Sa petite fille, prise le 23 août, est morte le 27. - La mère de cette dernière a été atteinte presque en même temps ; elle est aujourd'hui à peu près guérie. - Une voisine, frappée le 25, est morte le 27. - Enfin, une petite fille d'une maison contiguë, prise le 31 août, est morte ce matin.
         Toutes les maisons infectées sont groupées les unes à côté des autres au nord du village.
         Ces faits suffiraient presque à eux seuls pour assigner à l'affection son caractère épidémique. - Les signes présentés par les malades sont d'ailleurs pathognomoniques (déjections aqueuses, riziformes, abondantes ; refroidissement, cyanose, crampes, effacement du pouls, amaigrissement, etc.). - Ce village me rappelle, sous tous rapports, ceux que j'ai eu à visiter en trop grand nombre dans l'épidémie de 1865-1866.
         Il n'y a guère en ce moment, je crois, pour des hommes expérimentés, à discuter sur la nature de l'affection ; mais bien plutôt à essayer d'en arrêter les progrès par tous les moyens possibles.
         Il y a beaucoup à faire dans ce village, M. le Préfet, tant au point de vue des mesures hygiéniques qu'au point de vue de l'organisation des secours. - A cette heure avancée de la soirée, je ne saurais entrer dans les détails nécessaires..... »
         Dès le lendemain 3 septembre, des cantonniers étaient envoyés dans la commune sous la direction de M. le commissaire de police Oudot ; les rues, les cours, les maisons elles-mêmes étaient nettoyées ; une sœur de la Miséricorde se chargeait des soins à donner ; un dépôt de médicaments était établi à la mairie, et, presque aussitôt après, le nombre des malades diminuait et l'épidémie disparaissait complètement, après avoir fait seulement 2 nouvelles victimes, ce qui porte à 7 le nombre total des décès ; vingt personnes environ avaient été atteintes, surtout les enfants, les vieillards ou les adultes épuisés par la misère ou les excès.
         Nulle part ailleurs peut-être, le fait de l'importation du mal, et il faut bien le dire de sa contagion, n'a été plus rigoureusement observé ; nulle part non plus, l'efficacité des mesures sanitaires, mieux démontrée. Aussi, avais-je l'honneur de vous écrire à la date du 30 septembre :
         « L'organisation des secours et les mesures sanitaires dont vous avez su rendre l'exécution rapide et énergique, en la confiant à divers agents de votre administration, ont eu sur la marche de l'épidémie dans cette commune une influence vraiment décisive et qu'il est important de ne pas oublier. A peine les rues et les ruisseaux ont-ils été nettoyés, les cours et les habitations assainies, un dépôt de médicaments gratuits mis à la disposition des habitants, qu'immédiatement les accidents graves ont cessé.
         Contrairement aux craintes que j'ai vu plus d'une fois exprimer, cette intervention administrative produit, à tous les points de vue, le meilleur effet ; et les visites fréquentes que vous faites dans ce village, les secours que M. de La Mare y distribue lui-même, en prouvant à ces malheureux qu'ils ne sont point abandonnés, qu'on vient efficacement à leur secours, relèvent le moral, le soutiennent et préparent le succès. »

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