• Pris sur le v'IFS : tranche de vie

    Pris sur le v'IFS : tranche de vie Pris sur le v'IFS : tranche de vie Pris sur le v'IFS : tranche de vie

    Portrait d'agriculteurs trouvé sur  : http://villeifs.cluster005.ovh.net/patrimoine/

    Portrait extrait du « Ifs Infos » de mars 1991 :

    Pris sur le v'IFS : tranche de vie M et Mme Langlois « agriculteurs en centre ville »

         « Nous avons choisi ce mois-ci de « tirer le portrait » de M et Mme Langlois dont la ferme voisine l’église d’Ifs-Bourg, car ce couple au naturel discret (il a fallu « ramer » pour qu’ils acceptent de s’entretenir avec nous) est très significatif d’une partie de la population de la commune. Cette classe d’âge des 45-60 ans, habitant Ifs-Bourg est très engagée dans la vie associative et se désole souvent que les plus jeunes et les nouveaux venus ne s’investissent pas plus dans les associations : ce qui est sans doute un réel problème de la vie communale et mériterait au courrier remarques et suggestions.

    Michel Langlois, 53 ans, grand et réservé, et Arlette, 55 ans, souriante et directe, exploitent 70 ha de plaine autour d’Ifs (les ¾ en fermage payé aux parents de Michel). L’exploitation a du diversifier sa production pour pouvoir assurer un revenu régulier chaque année (blé, betteraves, pommes de terre, petits pois, féveroles, oignons et 7 bœufs à l’engraissement). Une surface qui permet de vivre, mais qui ne serait pas viable s’il fallait payer un salarié.

    Michel, agriculteur à Ifs depuis 3 générations, aime ce métier qui lui permet d'organiser son temps comme il l'entend : « Pas une semaine sans faire un tour dans la plaine. » comme le dit sa femme, contrairement au Nord de Caen où la terre est riche et où il existe un micro climat plus doux et plus humide, la terre est ici partagée entre zones fertiles à limon et d'autres de « chaussin » : 20 cm de bonne terre sur de la plaquette, « de la terre qui donne à condition qu'il pleuve régulièrement »... quand c'est la sécheresse comme l'année dernière, les rendements ont diminué de moitié pour les betteraves ou la pomme de terre voire de 95% pour le tournesol alors que céréales, féveroles ou petits pois ont été moins touchés.

    « Des agriculteurs de banlieue »

    Comme tous les agriculteurs d'Ifs et de la périphérie de Caen, M et Mme Langlois ont un genre de vie à la fois rural et urbain.

    D'abord l'avancée inexorable de la ville mangeuse de terres les inquiète : «  Nous, on ne se fait pas trop de soucis pour l'avenir, mais un jeune ne pourrait pas s'installer à Ifs, ce serait trop incertain, comment investir et risquer d'être exproprié pour une route ou un lotissement... »

    Ensuite, toute une façon de vivre, dans le calme un peu isolé, disparaît : le bruit des voitures qui passent, rue de l'église, a remplacé le bruit des oiseaux, le chemin qui était si joli a été remplacé par une route... Les basse-cours disparaissent... Certains voisins ont été obligés d'arrêter l'élevage des pintades à cause du bruit, les odeurs agricoles ne sont plus supportées non plus. « Heureusement, nos voisins les plus proches ne sont pas dérangeants » glisse malicieusement Arlette (on la comprend car c'est le cimetière). Pour Arlette il aurait fallu bloquer le développement de la ville à 5 000 habitants, presque 10 000 aujourd'hui, on parle même de 15000 habitants cela l'inquiète.

    D'un autre côté, ils ne sont pas mécontents de se retrouver dans une ville qui s'est développée.

    « La ville et ses bienfaits »

    Quand on leur parle de leur enfance à ifs dans les années 1950 « c'était le désert ! Il n'y avait rien » répondent-ils, à peine la société de musique, qui regroupait 30 personnes et où Arlette jouait de la clarinette et Michel du bugle, mais c'était tout. Sinon, quand les parents autorisaient les sorties : c'était le cinéma à Caen (de temps en temps) au Trianon, à l'Eden ou au Majestic pour voir les 10 Commandements de Cécil B de Mille ou A l'Est d'Eden avec... ou alors la radio avec des émissions comme « Reine d'un jour » sur Luxembourg, émission patronnée par les savons le Chat, ou les radios crochet... Ce qui fait dire à Arlette, approuvée par son mari : « Je voudrai bien être jeune et vivre à Ifs maintenant, car les jeunes ont de quoi s'occuper peut être trop même... »

    Autre différence, la vie associative. Leur vie a changé quand ils ont participé aux associations. Michel après avoir joué 5 ans arrière dans divers clubs de foot a rejoint l’équipe dirigeante du F.C. Ifs dont il est vice-président, sa femme en, est secrétaire et membre de la section « Jeunes » ! Ils sont membres du Comité des Fêtes. Michel a de plus une passion pour le vélo ; ils ne sont pas rares les dimanches où le matin : 100 Km à Vélo, repas rapide à midi, et encadrement du foot l'après-midi.

    Arlette fait en plus de la gymnastique volontaire, une des premières associations ifoises qui a la particularité de n'être composée que de femmes ou presque (il n'y a qu'un seul homme !) “Ils ne tiennent pas le choc” dit Arlette.

    La participation à la vie associative c'est, plus ce 50% de leur vie... Cela permet à Arlette et a son mari de s'occuper d'enfants car ils n'en ont pas eu ; d'avoir des contacts avec des personnes d'un autre milieu professionnel et... beaucoup d'amitié « et on ne voit pas le temps passer » ajoute Arlette.

    Pour Michel « je n'aurai sans doute pas fait de vélo, car finalement dans le milieu agricole, c'est un loisir qui est encore peu courant ». En juin dernier avec quelques amis ils ont fait Paris-Roubaix en 12 h, « Ça nous fait bouger, on vieillit moins vite, ça nous évite de rester le dimanche, calés devant la télé, au lieu de cela on fait du vélo ou de la marche... On a une vie plus active (...) On se sent plus des habitants d'Ifs comme les autres... alors que quand on va dans la Sarthe, les agriculteurs se tiennent plus entre eux et parfois raisonnent différemment de nous... »

    La discussion se termine face au feu dans la cheminée en évoquant la problème de la pollution par les nitrates, pour Michel, les analyses de terre plus fréquentes (350 F l'analyse) ont permis de réduire de 50% les épandages pour les betteraves ; on parle aussi de la petite enfance à Ifs pendant l'occupation, où de vieux soldats de la Wehrmarcht cantonnés en face de l'église ferraient les chevaux et donnaient le chocolat aux enfants, aussitôt jeté par la mère d'Arlette. L'arrivée des SS en juillet 1944 qui fouillaient les maisons mitraillette au poing et donnaient 24 h pour évacuer.

    Il est 20 h quand nous quittons l'exploitation et signe des temps (?) aucun aboiement ne nous accompagne dans la nuit. »

    Ifs Infos de mars 1991

    « Photograph'IFS du passéIllustrat'IFS : l'église d'Ifs en 1820 »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :