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Âges "primit'IFS" 3 : les fouilles à Ifs 2006-2008
Dans un rapport au Parlement du mois d’avril 2006,on trouve les informations suivantes :
« L’architecture funéraire a aussi été appréhendée par la découverte de cinq cairns en pierre sèche du Néolithique moyen sur la commune d’Ifs (Calvados), inscrits depuis lors dans une réserve archéologique. Toujours sur la commune d’Ifs, au Clos Chaumont (Calvados), où prospections aériennes et archéologie préventive ont identifié une vaste aire funéraire préhistorique et protohistorique de plusieurs dizaines d’hectares, une importante fouille a concerné trois monuments non mégalithiques du Néolithique ancien. Il s’agit de longs couloirs bordés de fossés parallèles, probablement pourvus originellement d’un talus central et ne recevant qu’une seule tombe, bien qu’édifiés parfois sur plus de 300 m de longueur. Ils se rattachent au courant monumental du Ve millénaire et plus particulièrement aux sépultures dites « de Passy-sur-Yonne » et constituent les plus anciens monuments funéraires en Basse-Normandie. » (…)
A Ifs, La Dronnière, à l’entrée de l’A 88, l’occupation antique est matérialisée par des parcelles accolées, délimitées par des fossés, l’ensemble étant compris entre deux voiries parallèles. Chaque espace était occupé par des bâtiments sur poteaux associés à des fosses, des silos, des fours domestiques, des puits mais aussi à des carrières. L’ensemble évoque un « village-rue » ou plutôt un lotissement, créé non loin d’une villa (Ier-IIe siècles) qui est peut-être à l’origine de cette forme d’habitat paysan. »
François Fichet de Clairefontaine, Direction régionale des affaires culturelles Service régional de l’archéologie de Basse-Normandie
Extrait de http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/rapports/archeo-preventive2006/rapport-archeo.htm
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Sur le site de l’AdFI Archéologie de la France :
Object’Ifs Sud – Parcelle AR 67 (2007)
Identifiant de la notice : N2007-NB-0021
Responsable : Besnard-Vauterin Chris-Cécile (INRAP).
Auteur : Besnard-Vauterin Chris-Cécile (INRAP).
Inventeur : Besnard-Vauterin Chris-Cécile (INRAP).
Opération : fouille programmée (FP) ; 2007.
Périodes : Age du fer ; La Tène I ; La Tène II ; La Tène III.
Sujets : atelier ; bracelet ; édifice ; enclos ; fossé ; habitat ; inhumation ; nef ; occupation du sol ; ossements humains ; palissade ; sépulture ; terroir ; torque ; trou de poteau.
Lieu : Ifs.
Couverture géographique : Basse-Normandie > Calvados (14) > Ifs
Coordonnées spatiales : X=404,751 ; Y=2463,278Images 1-2
« Dans le cadre de l’extension de la ZAC « Object’Ifs Sud » sur la parcelle AR 67, une fouille préventive a été réalisée à l’emplacement d’un petit habitat clos du second âge du Fer, localisé juste au nord des vastes investigations archéologiques effectuées en 2000-2002. Ce site complète ainsi l’image de la densité de l’occupation et l’intensité de l’exploitation du terroir à l’époque gauloise dans ce secteur de la plaine de Caen.
L’habitat est cerné par une clôture fossoyée, sans doute doublée d’un talus, qui a connu, d’après les premières données de fouille, au moins deux phases de réaménagements. L’ensemble présente un plan trapézoïdal, orienté nord-est – sud-ouest, d’une superficie estimée à 1 400 m2, dont environ 1 000 m2 accessibles à la fouille. Les vestiges à l’intérieur de cet espace, en grand nombre, concernent en premier lieu des trous de poteau, permettant de localiser au moins deux bâtiments, dont un long édifice rectangulaire à deux nefs de 20 m de long par 5 m de large, situé le long du côté nord-ouest de la dernière phase d’aménagement de clôture. Le plan de l’autre bâtiment paraît plus confus au vu du grand nombre de trous de poteau, témoignant de plusieurs reprises. À cet endroit est apparu un souterrain (fig. n°2 : Souterrain) constitué d’une chambre rectangulaire de 3,6 m de long par 1,8 m de large et de deux escaliers dans les angles opposés. Une autre particularité du site est apportée par une fosse, de plan rectangulaire de 3 m de long par 1,5 m de large, montrant au fond un faible surcreusement, de 1,9 m de long sur 0,50 m de large, et dans chaque angle une excavation pour caler une poutre. Une première hypothèse que l’on pourrait avancer pour cette fosse, dans l’attente de l’étude du site, est celle d’un fond d’atelier, peut-être d’un métier à tisser. Le centre de l’habitat est occupé par une vastedépression oblongue, de 16 m de long par 7,5 m de large et 1,8 m de profondeur, autrement dit d’une envergure très importante par rapport à la surface de l’enclos. L’interprétation de cette structure au colmatage limoneux organique, dépendra des résultats d’analyses micromorphologiques actuellement en cours.
Un rapide survol du mobilier céramique permet de caler cet habitat dans un large horizon chronologique de La Tène moyenne et finale. Des traces d’occupation plus anciennes sont toutefois attestées à travers la découverte, au fond d’une petite fosse, de restes osseux humains accompagnés d’un bracelet en fer et d’un torque à tampons en bronze (fig. n°1 : Torque à tampons en bronze avec bracelet en fer, en cours de fouille), daté de la fin de La Tène ancienne. La présence de ces restes de sépulture est peu surprenante ici au vu de la proximité d’autres inhumations datées de la fin de La Tène ancienne ou du début de La Tène moyenne (ensemble 28 de la ZAC Object’Ifs Sud), mais elle est singulière par la nature du mobilier, les torques à tampons étant en effet caractéristiques dans l’Est de la France. »
BESNARD-VAUTERIN Chris-Cécile
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La dernière tranche de la ZAC Object’Ifs Sud à Ifs
La dernière phase d’aménagement de la plateforme
économique ZAC Object’Ifs Sud, menée par la société
Normandie Aménagement depuis 1999 sur la commune
de Ifs, a conduit à la prescription d’une fouille préventive
sur une surface de 5 ha, réalisée par l’INRA P en 2008.
Bien que l’étude soit encore en cours, les résultats sont à
la hauteur de ceux obtenus lors des vastes investigations
menées par E. Le Goff en 2000-2002 et complètent ainsi
l’image de l’occupation particulièrement dense du secteur
sud-est de Caen et de la mise en valeur de ce territoire
depuis la Protohistoire.
Le gisement fait ressortir une occupation qui s’échelonne
entre l’âge du Bronze et le début du second âge du Fer,
suivie d’un réinvestissement partiel lors de la période galloromaine.
Les vestiges mis en évidence, tous excavés, sont
les témoins, d’une part, des diverses formes d’habitat qui
s’y sont développées et, d’autre part, du monde funéraire
qui les accompagnait.
La période de l’âge du Bronze est représentée par trois
monuments funéraires circulaires, qui s’ajoutent alors à
ceux détectés lors des premières tranches d’aménagement
de la ZAC. Sur ces trois cercles, un seul a conservé des
sépultures, quatre au sein du fossé et deux autres en
satellite à l’extérieur du monument. La plate-forme est
dépourvue de vestige funéraire, disparu probablement
lors de l’arasement de la levée de terre centrale. Si la
datation de ces monuments reste incertaine à défaut de
mobilier, il semblerait que les comparaisons régionales
ayant fait l’objet de datation par radiocarbone démontrent
une coutume particulièrement répandue au Bronze moyen
et final. Vers la fin de l’âge du Bronze et au cours du premier
âge du Fer (Hallstatt C/D1) s’installe toute une série de
vestiges domestiques ou péri-domestiques, témoignant
d’un habitat ou de plusieurs entités d’habitat en aire
ouverte. Cet ensemble constitue la suite d’une vaste
occupation déjà observée lors des premières opérations
archéologiques sur la ZAC. Il est difficile de dresser une
image complète de cette première étape d’investissement
domestique, puisqu’elle se développe sur une durée
assez longue et de façon éclatée dans l’espace. De
nombreuses installations peuvent d’ailleurs se rattacher
aussi bien à cette phase qu’à la suivante, par manque de
mobilier permettant une attribution chronologique. Cela
concerne en premier lieu l’occupation qui se développe
dans la moitié sud-est de la zone d’étude, comprenant
des trous de poteau et une série de fosses que l’on peut
identifier à partir de leur forme et leur comblement soit
comme des silos, soit comme des fosses d’extraction. Le
secteur nord-ouest accueille en revanche un ensemble
de petits vestiges composés essentiellement de trous de
poteau. Cette unité est interprétée comme une zone de
greniers et de petites constructions sur poteaux, dont les
rapports chronologiques et fonctionnels avec les autres
installations restent encore difficiles à établir.IFS, ZAC Objectifs sud. Monument quadrangulaire funéraire vu du sud (cliché C.C. Besnard-Vauterin, INRAP)
À la fin du premier âge du Fer (Hallstatt D2/D3), l’occupation
se structure autour d’un axe de circulation dont le tracé
a été identifié grâce aux fossés qui bordent la voie de
chaque côté. Il s’agit de l’un des grands axes viaires
mis en évidence lors des précédentes investigations
archéologiques sur une longueur de plus de 800 m. Orienté
nord-ouest / sud-est, ce chemin aboutit au nord-ouest sur
un axe de circulation orthogonal. Cette deuxième étape d’occupation apparaît sous forme d’un habitat groupé cloisonné, dont l’occupation perdure jusqu’au début du second âge du Fer. Dans un premier temps, l’espace est structuré par des tronçons de fossés de dimensions
plutôt importantes sans pour autant ceinturer l’habitat,
ce qui rend son interprétation peu aisée faute de traces
d’éventuels aménagements en élévation. Ensuite, l’espace
est subdivisé en plusieurs parcelles par des fossés de
taille modeste. Situées de part et d’autre du chemin,
ces parcelles abritent une ou plusieurs habitations, des
greniers et quelques silos, mais là se pose le problème de
l’attribution chronologique avec l’étape précédente, celle
de l’habitat ouvert. L’une des parcelles la mieux identifiée
regroupe au sein d’un espace de 1750 m² au moins un
silo, trois ou quatre greniers et une habitation rectangulaire
sur tranchées de fondation de 6 m de large par 7,5 m de
long. À une cinquantaine de mètres au sud se situe une
autre parcelle, délimitée en partie par un fossé modeste
et probablement par une clôture en élévation. Hormis
plusieurs greniers, la construction principale est ici un
grand bâtiment de plan circulaire pourvu d’un porche. À
partir de la tranchée de fondation destinée à l’implantation
de la paroi à poteaux jointifs, les dimensions de l’édifice
sont estimées à 13 m de diamètre, tandis que le quadruple
rang de trous de poteau du porche indique une longueur de
6 m. Avec ces dimensions importantes, cette construction
se démarque nettement des maisons circulaires connues
régionalement pour la fin de l’âge du Bronze et le début de
l’âge du Fer, comme celles du village de Cahagnes, ou de
la résidence de Courseulles-sur-Mer du début du second
âge du Fer. Monument, lieu public, demeure du maître…,
ce ne sont là que les toutes premières hypothèses pour
cet édifice à l’aspect monumental situé à l’écart des autres
lopins bâtis.IFS, ZAC Objectifs sud. Le bâtiment circulaire vu de l'ouest (cliché C.C. Besnard-Vauterin, INRAP)
À cet habitat s’associent cinq groupes funéraires
rassemblant en tout au moins 130 inhumations et
quelques incinérations. Les deux ensembles les plus
importants s’organisent chacun autour d’un monument
fossoyé quadrangulaire, bâti l’un au nord et l’autre au sud
du chemin et orienté vers celui-ci. La particularité du plus
grand ensemble, impliquant pas moins de 70 individus,
est son installation au sein de carrières de loess. Les
corps y sont enterrés, souvent dotés de parure, selon
une orientation dominante nord-sud tout en manifestant
de nombreux recoupements. À une soixantaine de
mètres de cet ensemble, un groupe d’une dizaine de
défunts trouve également place dans une série de fosses
d’extraction, en réemployant ici les cavités existantes de
façon opportuniste. Deux autres unités s’organisent en
aire ouverte, l’une respectant une orientation nord-sud et
l’autre est-ouest. Si la chronologie de ce dernier ensemble
reste encore incertaine, faute de mobilier, la datation pour
les autres tourne autour de la fin du premier âge du Fer et
le début du second.
Tout au long du second âge du Fer, le secteur se trouve mis
à l’écart de tout nouvel investissement domestique, mais
l’axe de circulation est resté en usage. Si l’occupation se
développe dans le secteur environnant par la création de
plusieurs fermes encloses, il est probable que cet espace
ait pris un usage agraire. Ce n’est qu’à partir de l’Antiquité,
et plus particulièrement durant les deux premiers siècles
après J.-C., que le lieu se voit réinvesti par des installations
domestiques, dont un four en maçonnerie, un puits et des
fosses, l’ensemble étant dispersé sur une distance de près
de 150 m. Certaines des anciennes limites parcellaires
sont reprises, d’autres sont créées. En l’absence de toute
trace de bâtiment et devant la faible quantité de mobilier
domestique, on ne peut qu’associer ces installations à
une activité saisonnière liée au travail des champs.
Cette dernière partie de la fouille de la ZAC Object’Ifs Sud a
donc permis d’étudier sur une surface jusqu’alors inégalée
une vaste occupation centrée sur le premier âge du Fer
et cumulant habitat, structures funéraires, parcellaires
et réseau viaire. Avec la fouille de Cagny, conduite par
Pierre Giraud, elle renouvelle complètement les données
disponibles sur cette période."
Chris-Cécile BESNARD-VAUTERIN-----------------------------------------------------------
Vue aérienne de la ferme n° 6 d’Ifs « Object’Ifs Sud » en cours de fouille. Trois des enclos domestiques présentent en leur centre des anomalies correspondant à de larges creusements dont la fonction initiale est mal connue ; il peut s’agir de fosses d’extraction, de mares ou de fosses à fumier (cliché J. Desloges, DRAC/SRA Basse-Normandie ; d’après Carpentier et al., 2007b). http://rao.revues.org/813
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« Le monde des morts côtoie celui des vivants à la fin du premier âge du Fer et le début du second
La fouille menée en 2008 sur la dernière phase d’aménagement de la "ZAC Object’Ifs Sud" à Ifs, au sud-est de la périphérie caennaise, permet de restituer l'image d'un vaste ensemble d'habitats, auquel s'associent cinq groupes funéraires, rassemblant en tout au moins 130 inhumations. Deux de ces groupes s'organisent autour d'un monument quadrangulaire. La particularité du plus grand ensemble, impliquant pas moins de 70 individus, est son installation au sein de carrières de sable calcaire. Bon nombre des individus y sont enterrés avec leur parure - des torques, bracelets, anneaux de chevilles et fibules - en bronze, en fer ou, plus rarement, en lignite. Mais la découverte la plus surprenante est celle d'un poignard à antennes dans l'une des sépultures, sinon dépourvue de mobilier et perturbée par une autre inhumation. Après celui mis au jour à Soumont-Saint-Quentin (14) près du Mont Joly, il s'agit de la deuxième découverte de ce type en contexte bas-normand. »
Extrait de l’exposition « Les Gaulois et la mort en Normandie, Les pratiques funéraires à l'âge du Fer (VIIe – Ie siècle avant J.-C.) du 22 mai – 20 septembre 2009 au Musée de Normandie à Caen. http://www.ville-caen.fr/mdn/presse/2009gaulois/DPgaulois.pdf
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