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        L'abbaye aux Hommes de Caen en 1684 - Archives Départementales du Calvados

        L'abbaye aux Hommes est une des deux grandes abbayes de Caen, avec l'abbaye aux Dames, fondées par Guillaume le Conquérant et son épouse Mathilde de Flandres. Elle est dédicacée le 13 septembre 1077. « Ensuite, Guillaume le Conquérant enrichit ce monastère de domaines, d'argent, d'or et de divers ornements ; il le fit construire à petits frais, d'une grandeur et d'une beauté abordable, et peu digne du bienheureux martyr Étienne, par les reliques duquel il devait être honoré et auquel il devait être consacré. » (Guillaume de Poitiers)

         L'abbaye reçoit de son fondateur et de ses successeurs des biens considérables qui en font l'un des principaux propriétaires fonciers de Normandie, dont les villages d'Ifs et de Bras pour ce qui nous intéresse ici.

          L'abbé Gervais de la Rue (1751-1835), dans ses Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement (1820 ; vol.1, p.353) signale que « ...dans le XIe siècle le duc Guillaume en donnant Allemagne [actuel Fleury-sur-Orne] à son abbaye de St-Etienne de Caen, dit qu'il la lui donne avec ses dépendances ( cum appenditiis ), et son fils Henri Ier les explique dans sa charte de confirmation, en disant qu'Etavaux ( Stavellœ ), Ifs ( Itium ), Bras, ( Bracium ) , Hubert-Folie (Fouberti-Folia) et Bourguébus (Burgisbud ), étaient des dépendances de cette paroisse.»

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    L'abbaye aux Hommes ; photos Giloudifs

           Dans son « Dictionnaire topographique de la France. Dictionnaire topographique du département du Calvados : comprenant les noms de lieu anciens et modernes » [Éditeur : Impr. nationale (Paris) 1883] Célestin Hippeau (1803-1883) fait l'inventaire des biens de l'abbaye aux Hommes de Caen. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2064144/f311.image.r=Ifs.langFR

          « Saint-Étienne de Caen ou Abbaye aux Hommes, de l'ordre de Saint-Benoît. Regalis abbatia Sancti Stephani Cadomensis, fondée en 1066 par Guillaume le Conquérant, occupée aujourd'hui par le lycée.

         Saint-Estiene, v. 1150 (Wace, roman de Rou, v. 201 ). Saint Estiemble, 1291 (ch. de l'abb. de Saint-Étienne).

          L'abbaye avait haute justice s'étendant à Saint-Nicolas de Caen, Allemagne [aujourd'hui Fleury-sur-Orne], la Folie, Cheux, Ifs, Norrey et Bras. Elle possédait au diocèse de Bayeux le patronage des églises et des chapelles suivantes église Saint-Nicolas de Caen ; les chapelles de Saint-Michel et de Saint-Jacques de Brucourt, de Saint-Michel de Vaucelles ; églises de Saint-Martin d'Allemagne, de Saint-André d'Ifs et chapelle de Bras ; chapelle de la maladrerie du Nombril-Dieu église de Saint-Germain de Bretteville-l'Orgueilleuse avec la chapelle de Saint-Germain de Putot ; églises de Saint-Samson d'Aunay, de Sainte-Marie de Torteval, de Saint-Pierre de Foulogne, de Saint-Vigor de Cheux ; chapelles de Saint-Martin de Cheux, de Notre-Dame de L'Ortial, de Notre-Dame et de Saint-Laurent de Sept-Vents ; Notre-Dame de Hubert-Folie, Saint-Martin de Garcelles, Notre-Dame du Buisson ; chapelles de Saint-Ouen de Villers, de Saint-Michel de Cabourg, de Notre-Dame de Biéville de Saint-Sulpice de Secquevilie, de Notre-Dame de Loucelles, de Saint-Germain de Bucéels, de Saint-Maclou de Mouen, les quatre chapelles de Notre-Dame d'Halbout. L'abbaye avait de plus le patronage d'églises et de chapelles appartenant aux diocèses d'Avranches, de Séez et de Coutances.

         Les propriétés de l'abbaye provenant des dons faits par les rois d'Angleterre, ducs de Normandie, et les seigneurs normands étaient :

          1. Dans la vicomté de Caen le Bourg-l'Abbé, les moulins de Saint-Ouen de Villers, de la Crapaudière ou de Venoix, le fief de Brucourt dans la paroisse de Saint-Ouen ; les moulins de Montaigu des vavassories et tènements dans la paroisse de Saint-Germain-de-la-Blanche-Herbe et le hameau de Franqueville Luc-sur-Mer, la ville et seigneurie de Cheux, s'étendant aux paroisses de Mouen, Mondrainville etc. ; la ville et seigneurie de Rots, Norrey et Bretteville-l'Orgueilleuse ; la terre et seigneurie de Rucqueville, le fief l'Abbé en la paroisse de Cully, le fief Brucourt-Perducas dans la paroisse de Hubert-Folie, les villages d'Allemagne et d'Ifs, les villages de Moult, Billy et Valmeraye, le fief de Cabourg.

           2. Dans la vicomte de Bayeux les villes et paroisses de Torteval et de Foulogne, le prieuré de Saint-Laurent de Sept-Vents, le fief noble de Trungy.

          3. Dans la vicomté de Falaise la paroisse de Saint-Aubert, Saint-Philbert-sur-Orne, la terre et seigneurie des Isles-Bardel, le fief Loquart en la paroisse de Bretteville sur-Laize.

          4. Dans la vicomte d'Auge la ville et seigneurie de Saint-Sauveur-sur-Dive, s'étendant à Caumont-sur-Dive, Périers, Beuzeval et Vilers; le fief de Saint-Pierre-Azif.

    Elle avait en outre d'importantes possessions dans le bailliage d'Alençon, les vicomtés de Caudebec, de Carentan et d'Avranches (aveu du temporel fait au roi en 1678 par Charles-Maurice Le Tellier, abbé commendataire de l'abbaye). »

         Haute justice : La justice seigneuriale se rend à deux niveaux. Le domaine de la haute justice ou « justice du sang », ne s'étend guère qu'au pénal : crimes punis de mort, de peines corporelles, etc. Les marques extérieures de la haute justice, au caractère répressif, sont le pilori, le gibet, les fourches patibulaires. À la haute justice s'oppose la basse justice dont le domaine s'étend à toutes les affaires civiles et pénales de moindre importance.

         Patronage : Fondateur d’une église ou d’un bénéfice, ou son successeur légitime, qui, en cas de vacance de la charge, avait le droit d’y nommer un clerc. 

    Enumérat'IFS : richesse d'une abbaye Enumérat'IFS : richesse d'une abbaye Enumérat'IFS : la richesse d'une abbayePhotos Giloudifs

          L'abbé Gervais de la Rue, dans ses Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement (1820 ; vol.2, p.82) nous apprend que les vassaux de l'abbaye aux Hommes de Caen devaient le service de garde des défenses de l'abbaye.

         « ...lors des querelles, qui intervinrent entre les moines et le gouverneur de Caen, qui voulut en 1487, astreindre les habitants du Bourg-l'Abbé à la garde du château et aux réparations des fossés de la ville. L'abbé de Caen obtint alors des lettres patentes du roi Charles VIII, qui les en dispensa, parce que n'ayant pu faire enclore son monastère dans l'enceinte de la ville, il en avait fait réparer les fortifications , et les faisait garder par ses vassaux du Bourg-l'Abbé, d'Ifs, d'Allemagne, etc... »                                                   http://books.google.fr/books?id=4_RAAAAAcAAJ&pg=PA82&dq=Bourg+l%27abb%C3%A9+Ifs+garde&hl=fr&sa=X&ei=7lhqU4KDM4TJsQSBx4DACg&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=Bourg%20l%27abb%C3%A9%20Ifs%20garde&f=false

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        L'abbé de la Rue  -   Fortifications de l'abbaye aux Hommes : remparts et tour, rue du Carel, et tour Guillaume (XIVe)                         (1751-1835)                          Photos extraites du site Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fortifications_de_Caen


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  • Un aérodrome au sud de Caen ?Pour une fois, je vais faire des infidélités à Ifs pour aller jeter un œil de l'autre côté de la route de Falaise (N158), rue de Falaise pour les Caennais ou rue de Caen pour les Ifois. Cet article fait suite à une question concernant l'existence d'un aérodrome au sud de Caen sur le territoire de Cormelles-le-Royal et au crash d'un « Pou du ciel » en 1935, à Ifs (voir article suivant).

     Un aérodrome au sud de Caen ? La carte de Cassini

         Il faut savoir que le territoire de la Guérinière faisait autrefois partie de Cormelles-le-Royal. Les terrains de la Guérinière étaient très peu fertiles. Selon une expression de la région, il y avait à peine assez de terre pour « beurrer les cailloux » (comme l'est également le sol du quartier de la Plaine à Ifs...). Au début du XIXe siècle toutefois, un entrepreneur fait l'acquisition d'une exploitation agricole et y répand un engrais constitué de matières fécales humaines. Grâce à ce traitement, il obtient de bonnes récoltes de blé et de colza...

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    Une académie d'équitation puis un couvent

          Au 18e siècle, sous le règne de Louis XV, la famille Robichon de la Guérinière s’établit sur Cormelles.

    En 1753, Robichon des Brosses de La Guérinière, fondateur de l'académie d'équitation de Caen, demande à Louis XV la concession d’une partie de la plaine de Cormelles-le-Royal. Par un acte du 25 septembre de cette année, suivi de lettres patentes du 5 février 1754, enregistrées au Parlement de Normandie le 9 août 1759, le roi l'autorise à construire des bâtiments d’exploitation pour l'académie d'équitation de Caen. La Guérinière défriche et met en valeur les terrains concédés. Finalement, il obtient que le roi, par un arrêt du 24 janvier, suivi de lettres patentes du 24 février 1758, abandonne à sa famille exclusivement la propriété absolue de ces 92 arpents de terre, en échange des terrains et des bâtiments de l’Académie située dans la paroisse Saint-Martin de Caen.

         Pierre Robichon des Brosses de la Guérinière construit un manoir ainsi que des manèges pour l’entraînement de chevaux. Ce manoir devient une succursale de l’académie d’équitation qu'il avait fondée en 1719 (c'est l'ancienne caserne des pompiers, place du Canada à Caen). Ce Pierre est le frère aîné de François Robichon de la Guérinière, grand écuyer de France, dont le livre "École de Cavalerie" est une référence mondiale de la littérature équestre.

         En l’an III de la République, l’établissement est fermé. Le 21 brumaire, le comité de salut public, requiert le citoyen Alexandre de la Tour pour en reprendre la direction. En 1835, une adjudication volontaire de la terre de la Guérinière a lieu puis en 1905, M Pichard crée au château de la Guérinière un établissement avicole afin de produire des poulets précoces et de chair fine. Après être passés entre plusieurs mains, les lieux sont revendus en 1920 à M et Mme Brunet, éleveurs de chevaux.

          Le 6 août 1944, alors que les Canadiens lancent l’opération Totalize sur Bourguébus, l’aviation alliée se trompant d’objectif bombarde Cormelles, faisant plusieurs dizaines de morts parmi les soldats et détruit le château de la Guérinière (photo ci-dessous à gauche).

    Un aérodrome au sud de Caen ?Un aérodrome au sud de Caen ? Un aérodrome au sud de Caen ?

             Le château de la Guérinière à Cormelles               Ruines du couvent de la Charité à Caen     La Charité en construction en 1956 - D.D.E. 14 

         Situé dans le quartier Saint-Jean à Caen, le couvent de la Charité est détruit pendant les bombardements lors de la Bataille de Caen (voir photo ci-dessus au centre). La communauté des sœurs de Notre-Dame-de-Charité décide de faire reconstruire un nouvel établissement en dehors de la ville. Le 3 mars 1948, la communauté Eudiste des Sœurs de Notre Dame de la Charité acquiert la propriété de la Guérinière. Au moment de la construction du monastère, cette propriété est située sur la commune de Cormelles (redevenue "le-Royal" en 1969). Le 22 décembre 1965, le secteur est transféré à la commune de Caen repoussant la limite entre Caen et Cormelles plus au sud.

     Un aérodrome au sud de Caen ?

          La première pierre est posée en 1951 et l'ensemble de bâtiments est érigé par l'architecte Beaufils. Lors de la construction du grand ensemble, entre 1955 et 1961, le couvent se trouve rapidement rattrapé par la ville. (Photos ci-dessous)

    Un aérodrome au sud de Caen ? Un aérodrome au sud de Caen ?Un aérodrome au sud de Caen ? Photos d'archives du domaine de Camilly                                                                         Cliché Central Photo

         Entre 1972 à 1984, l'hospice Saint-Louis, qui occupe depuis le début du 20e siècle les locaux de l'abbaye aux Dames, est transféré dans une partie des bâtiments du couvent. Il prend alors officiellement le nom de Centre pour Personnes Âgées, dépendant du centre hospitalier régional universitaire de Caen. Entre 1984 et 2005, le CPA a fait l'objet d'une restructuration incluant la rénovation des anciens locaux et la construction de nouveaux bâtiments. Le site aujourd'hui est composé d'un ensemble de quatre pavillons répartis sur 30 000 m² de terrain.

         Le reste du domaine de 2 ha et demi, ainsi que les bâtiments principaux du monastère ont été vendus à un promoteur immobilier afin d'y aménager des logements. Les dix dernières sœurs quittent le bâtiment conventuel fin août 2012. (Le "Domaine de Camilly" ci-dessous.) L'église n'est pas concernée par ce projet.

    Un aérodrome au sud de Caen ? Un aérodrome au sud de Caen ?Un aérodrome au sud de Caen ?

    Photos du Domaine de Camilly

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    Un champ de manœuvre puis un grand ensemble

         Le 26 juillet 1875, la ville de Caen achète 27 hectares 43 ares de terrain sur la commune de Cormelles connu aussi sous le nom d’hippodrome de la Guérinière, terrain plat, nu et de faible valeur agricole qui faisait autrefois partie du domaine de Robichon de la Guérinière. L'enquête d’utilité publique a lieu le 21 juillet pour une acquisition soit à l’amiable soit par expropriation. Ces terrains sont cédés à l'armée par la ville de Caen en usufruit indéfini à l’état pour tout le temps qu’il existe un casernement (le 43ème Régiment d'Artillerie) à Caen afin d’en faire un terrain de manœuvres.

    Un aérodrome au sud de Caen ? Un aérodrome au sud de Caen ?

         C'est le terrain de manœuvre du 43éme régiment d'artillerie et du 129e régiment d'infanterie qui sert de terrain d'aviation pour la ville de Caen. De nombreux meetings aériens ont lieu sur ce site. Le premier a lieu en 1910. Le 24 janvier 1931, les membres de l'Aéro-Club de Caen et ceux de l'Aéro-Club du Calvados se réunissent en assemblée générale extraordinaire afin d'unir leurs efforts pour favoriser le développement de l'aviation légère dans le Calvados. En mars de cette même année a lieu la fusion des deux Aéro-Clubs permettant la création de l'Aéro-Club de Caen et du Calvados. Le président fondateur est Fernand Perrot. L'aéro club de Caen est installé à Cormelles, avec l'accord de la ville de Caen dès 1931. Les premiers vols sont effectués dès le printemps de cette année par messieurs Lacombe, Bellavoine, Bence, Moreau, Maruitte, De La Crouee, etc... Ils utilisent un planeur Avia 11A, qu'ils lancent au sandows. Le manque d'abri oblige les pionniers à démonter chaque soir l'appareil pour le redescendre en ville. Pour remédier à cet inconvénient et pourvoir le terrain d'un minimum d'infrastructure indispensable, l'Aéro Club décide l'implantation d'un hangar qui entre en service en octobre 1931. Le 4 mars 1933, les membres de l'Aéro club ont l'immense joie d'accueillir le premier avion : Un Caudron Phalène" quadriplace d'entraînement et de voyage. Quelques temps plus tard, l'"Hanriot 14", biplace doubles commandes, permet les débuts de l'école de pilotage.

    Un aérodrome au sud de Caen ?     En 1937, l'aviation populaire voit le jour et constitue une section de l'Aéro-Club. Ainsi, de nombreux pilotes sont formés et s'illustreront ensuite durant la guerre.
     En 1939, le terrain de Cormelles étant à la fois utilisé par les trotteurs lors de courses hippiques, par l'armée pour ses entraînements et par l'Aéro-Club, le ministère de l'air décide alors d'implanter dans la région une base militaire. C'est Caen qui l'emporte au détriment de Falaise. L' Aéro-Club déménage alors pour rejoindre le terrain de Carpiquet situé au nord-ouest de Caen.

    Un aérodrome au sud de Caen ?

         De tout temps, des courses d'entraînement avaient lieu sur-le-champ de manœuvres. De temps en temps, sur l’hippodrome de la Guérinière se déroulait des courses (lundi de Pâques) jusqu’aux environs de 1939. Sur une partie du terrain de manœuvre, près du quartier du 43e Régiment d’Artillerie, la Société Hippique Caennaise organise les samedi 1er et dimanche 2 juillet 1933 un concours hippique.

         Durant la guerre, les terrains deviennent un point de concentration des forces alliées avant l'opération Totalize.

         Après guerre, la ville de Caen, pour faire face à la crise du logement des années 50, décide de construire sur le site de l’ancien aérodrome de Cormelles-le-Royal, le quartier d’habitat collectif de la Guérinière en 1951. Cette même année, ce territoire est officiellement rattaché à la commune de Caen. Les travaux du nouveau quartier commencent en 1955 et s’achèvent en 1961.

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    Un aérodrome au sud de Caen ?Un aérodrome au sud de Caen ?

     Sources consultées :

    http://cormellesleroyal.free.fr/ http://www.aeroclub-caen.org/Historique-de-l-Aero-club_a33.html et Wikipédia


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  •  Explicat'IFS du crash aérien de 1935En 1934, René Bénard, greffier et chef du tribunal de commerce de Caen, entreprend de construire chez lui à Caen, un « Pou du Ciel » d'Henri Mignet. Le premier vol à lieu le lundi 11 novembre 1935 sur l'aérodrome de Caen-Cormelles-le-Royal, aujourd'hui disparu. Le 26 novembre 1935 il décolle à nouveau de cet aérodrome à 11 heures et s'écrase quelques centaines de mètres plus loin sur la commune d'Ifs. René Bénard est tué. Sa famille érige une croix-monument à sa mémoire sur le lieu du crash.

         Un site recensant les crashs aériens le cite : http://www.aerosteles.net/fiche.php?code=ifs-benard

    Explicat'IFS du crash aérien de 1935 Explicat'IFS du crash aérien de 1935

    Un pou du ciel en 1935 (wikipédia) et le site du crash où a été érigée une croix-monument (photo Giloudifs)

    ...et un précédent article de ce blog relate ainsi cet accident :

    http://il-etait-ifois.eklablog.com/invent-ifs-mais-p-ifs-le-crash-de-1935-a1760314

    Le Journal des débats politiques et littéraires du 28 novembre 1935 n°330 page 4 résume ainsi les faits :

    « Un nouvel accident mortel avec un « Pou du Ciel »

    M. René Bénard, âgé de cinquante ans, greffier en chef du tribunal de commerce de Caen, venait de quitter le terrain de Corrmelles, hier à midi, à bord d'un « Pou du Ciel » qu'il avait construit lui-même, et qu'il pilotait depuis trois mois. Il se trouvait à deux kilomètres de son point de départ et volait à une hauteur de quatre-vingts mètres environ, lorsque, soudain, l'appareil piqua du nez et, dans une chute presque verticale, tomba lourdement sur le sol, où il se retourna complètement, les roues en l'air. Des journaliers, qui travaillaient dans un champ voisin, accoururent et dégagèrent le pilote des débris de l'avion. M. Bénard avait été tué sur le coup. » http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k508242z/f4.image.r=B%C3%A9nard

    Explicat'IFS du crash aérien de 1935Explicat'IFS du crash aérien de 1935

    Dans Les Ailes, journal hebdomadaire de la locomotion aérienne du 5 décembre 1935, pages 11-12, des informations complémentaires sont apportées (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65539106/f12.zoom.r=) :

    « Faute de pilotage ou faute du sandow ?

    Le troisième accident mortel qui endeuille le mouvement « Pou-du-Ciel » paraît avoir, avec les deux précédents, une origine commune.

    Le mouvement « Pou-du-Ciel » a eu la douleur, la semaine dernière, d'enregistrer son troisième accident mortel.

    René Bénard, greffier au Tribunal de Commerce de Caen, s'est tué le 26 novembre sur le « Pou » qu'il avait construit, que nous avions homologué sous le N°81, et qu'il avait équipé d'un moteur Poinsard 25 CV.

    D'après la presse quotidienne (Le Petit Parisien), l'appareil décolla du terrain de l'Aéro-Club de Caen et du Calvados et s'en alla évoluer au-dessus de la plaine d'Ifs.

    D'après un cultivateur qui fut le témoin de la chute, le moteur aurait eu des ratés, puis l'appareil piqua d'une cinquantaine de mètres, fit une ressource, et piqua de nouveau jusqu'au sol où il s'écrasa. Le malheureux pilote fut tué sur le coup.

    Nous saluons sa mémoire avec beaucoup d'émotion et de respect. Il y a quelques semaines encore, René Bénard nous disait sa foi dans la formule « Pou-du-Ciel » ; le jour même de sa mort, quelques instants sans doute avant de s'envoler, il nous écrivait une lettre que nous avons reçue le lendemain de l'accident. Bien qu'ayant dépassé l'âge de cinquante ans, il avait entrepris la construction de son « Pou » et avait tenu lui-même à le piloter.

    Quelles sont les causes de l'accident?

    Le Président de l'Aéro-Club de Caen et du Calvados a bien voulu nous faire connaître son opinion. La voici : L'accident a eu lieu vers 11 h.30, par très beau temps, calme, sans vent. Le point de chute de l'appareil se trouve dans une plaine, et à une cinquantaine de mètres d'un repli de terrain, mais dont la minime importance ne nous permet pas de croire qu'il a pu se trouver dans un remous ayant pu amener un déséquilibre de l'appareil, surtout étant données les circonstances atmosphériques.

    L'opinion de tous nos camarades est que l'accident est surtout imputable à l'ignorance de pilotage du malheureux pilote, M. Bénard n'avait aucune expérience du vol, et avait juste exécuté quelques bonds sur le terrain avec son appareil. Il avait effectué quelques sorties, dont la plus importante a duré huit minutes, sorties au cours desquelles nous avons pu constater que la ligne de vol était absolument inconstante et que les mouvements de correction du pilote étaient toujours très saccadés.

    M. Bénard tenait absolument à apprendre à voler sur son appareil, et ne voulait pas faire de double commande sur un appareil à ailerons.

    En ce qui concerne l'appareil lui-même, notre chef-pilote Dupont avait procédé à ses essais et a effectué de nombreux vols de présentation, totalisant plus de quatre heures de vol. Nous devons constater que, entre les mains de notre chef-pilote, l'appareil s'est toujours comporté comme un avion ordinaire.

    M. Dupont a effectué des descentes, moteur à l'extrême ralenti. Ayant même eu une panne de moteur (magnéto), il s'est posé normalement, moteur arrêté.

    L'appareil a toujours paru normal. M. Dupont a constaté simplement que les qualités de plané de celui-ci étaient bien inférieures à celles d'un avion ordinaire. Il a pu également constater que, moteur arrêté, l'appareil, lorsqu'il n'avait pas un angle de descente suffisant, subissait des flottements d'ailes qui, à son sens, annonçaient la perte de vitesse.

    En résumé, nous croyons que, de par sa construction et de par l'expérience de notre chef-pilote, le « Pou-du-Ciel » de M. Bénard était normal et conforme à tous ceux qui ont volé jusqu'à aujourd'hui, que, entre des mains expérimentées, il pouvait donner satisfaction, et que l'accident est dû seulement au manque de sens de l'air de M. Bénard.

    Nous vous donnons ces précisions dans lé but de tirer de ce malheureux accident la leçon qui doit s'en dégager. Notre conviction est que celui-ci aurait pu être évité si M. Bénard avait bien voulu faire un peu de double commande, comme nous le lui avions maintes fois conseillé, afin d'acquérir, d'abord la notion de la ligne de vol, ensuite l'expérience nécessaire à effectuer un bon atterrissage.

    D'autre part, le chef-pilote Dupont a adressé au Réseau des Amateurs de l'Air un long rapport dont nous extrayons quelques passages essentiels.

    M Dupont, après avoir confirmé et regretté la décision de M. Bénard de ne pas se soumettre à quelques vols en double commande, poursuit ainsi :

    « Il y a quelques, jours, M.Bénard ayant voulu faire l'essai sur son appareil de commandes rigides, avait changé la longueur des commandes souples (1). Lorsqu'il a voulu voler à nouveau, avec celles-ci, ayant constaté en roulant au sol que l'appareil ne fonctionnait pas comme il faut, il m'a prié de faire un essai. J'ai remarqué que le moteur n'avait pas son régime, chose à laquelle nous avons remédié immédiatement et aussi que l'aile avant n'avait pas suffisamment d'incidence négative (6 cm de différence indiqués par Mignet dans son Bouquin). L'appareil, en réduisant le moteur, se cabrait. J'ai pu néanmoins, en le soutenant jusqu'au sol au moteur, le poser. M Bénard a remédié par la suite à cet état de choses.

    Deux cas sont à envisager :

    1. L'incidence négative de l'aile avant n'aurait pas été suffisamment grande, autrement dit la différence de 6 cm entre les deux ailes n'aurait pas été exactement respectée. Mais si ce que dit Mignet est vrai, l'appareil n'aurait pas dû se mettre en perte de vitesse, et aurait dû descendre à plat, normalement, chose qui n'est pas.

    2. M. Bénard ayant eu une panne de moteur. Imbu toujours de la théorie de Mignet et des descentes parachutales, a voulu mettre manche au ventre, et l'effet fente n'ayant pas fonctionné, l'appareil a fait une perte de vitesse. Je tiens encore une fois à vous préciser que l'appareil était parfaitement, réglé.

    Je reste entièrement partisan du mouvement « Pou-du-Ciel » mais prétends que cet appareil doit se piloter comme un autre avion, et par des gens expérimentés. Essayant de faire une descente parachutale, j'ai constaté, à un certain moment, un flottement de l'aile avant, auquel j'ai remédié en prenant l'aile par son bord de fuite. D'où nécessité d'avoir des commandes rigides, les commandes souples, dans une certaine position de cabré, ne devant plus agir, et le sandow devant être insuffisant à combattre la poussée de l'air qui ,se produit sur l'aile.

    On nous permettra d'exprimer une opinion.

    L' Aéro-Club de Caen et du Calvados attribue l'accident à l'inexpérience du pilote. C'est aussi, semble-t-il, la conclusion des trois ingénieurs que le Ministère de l'Air envoya à Caen enquêter sur l'accident. Pour nous, cette explication ne suffit pas.

    L'expérience de plusieurs « Pou » parfaitement réglés - et qui le sont restés - montre que si l'appareil n'échappe naturellement pas à la perte de vitesse, celle-ci, avec le Pou ne s'accompagnant ni d'une glissade, ni d'une vrille, ne doit pas avoir de conséquence catastrophiques. Le « Pou » parfaitement réglé doit tomber à plat. S'il pique, s'il s'engage, c'est que quelque chose a altéré la perfection du réglage.

    L'inexpérience, la témérité, l'excès de confiance des néophytes leur coûtent très cher ; c'est une cause de casse fréquente.

    Nous sommes bien d'accord qu'il convient d'apprendre prudemment à conduire le « Pou », à acquérir, avant de s'envoler, l'habitude de l'air au moyen de quelques leçons en double commande. Depuis plus d'un an, nous insistons sur la nécessité d'adopter, dans ce sens, une méthode prudente.

    Mais, enfin, jusqu'à preuve du contraire, nous persistons à penser que l'accident de René Bénard a une origine commune avec les accidents de Marignan et de Chapelet. La lettre de M. Dupont vient étayer cette opinion. Bien que, pour celui-ci, le réglage de l'appareil fut parfait, il n'est pas certain que les cotes essentielles aient été observées et surtout que la puissance du sandow de rappel ait été suffisante pour combattre la poussée de l'air sur l'aile vivante et conserver le contrôle de celle-ci.

    Jusqu'à preuve du contraire, c'est au sandow et à la suppression de l'effet de fente que nous attribuons l'accident de Caen.

    Le remède? Observer strictement les conseils que Les Ailes ont publiés dans leur N° 753, sur les indications de Mignet, en particulier en ce qui concerne le fonctionnement du sandow et le jeu du manche dans le réglage de la commande.

    D'autre part, et bien que, faute encore d'une documentation suffisante sur la question, nous nous défendions de conseiller ou de déconseiller la commande rigide, il semble que l'on puisse, tout au moins, en souhaiter l'expérimentation systématique, à condition qu'elle soit solidement réalisée et, comme le conseille Mignet, par mesure de précaution, qu'elle vienne doubler la commande souple. G. H.

    (1) L'accident s'est produit avec la commande souple. La commande rigide avait été exécutée par M. Bénard, mais il ne l'avait pas montée sur l'appareil. »

    Pour en savoir plus sur les « pous du ciel » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pou-du-ciel


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  •  Evolut'IFS 1980-1989J'ai toujours eu du plaisir à la lecture d'une carte ce qui équivaut pour moi à la lecture d'un roman... Cette fois-ci, je suis allé rechercher deux extraits de la carte IGN concernant la commune d'Ifs distante de neuf ans [carte "1512 Est CAEN"]. La première, à gauche, a été réactualisée en 1980, la seconde, à droite, en 1989. Je vous laisse le loisir d'aller consulter l'actuelle carte ne pouvant l'insérer car sa commercialisation est en cours.

         Quelques remarques entre ces deux cartes : le développement vers l'ouest du quartier de la Plaine et création de l'espace sportif au sud de la Grâce-de-Dieu ; apparition du projet de périphérique-Sud avec la délimitation du territoire qui deviendra la forêt d'Ifs ; développement du stade P. Mendès-France avec son gymnase encore isolé dans la plaine avant que ne se construisent le théâtre Jean Villar et le quartier du Hoguet ; implantation de l'espace artisanal situé autour du centre commercial Leclerc et, de manière générale, la densification du tissu urbain...

    Bref c'est le moment de jouer au "jeu des 7 différences". Amusez-vous bien !

    Evolut'IFS 1980-1989 Evolut'IFS 1980-1989


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